Il faut de la technologie dans les classes des pays en développement

Dans le petit village de Hafizibad, dans la province du Punjab au Pakistan, une jeune fille utilise son téléphone portable pour envoyer un SMS en ourdou à son professeur. Après l'envoi, elle reçoit des messages de son professeur en réponse, qu'elle copie avec diligence à la main dans son cahier pour pratiquer ses compétences en écriture. Elle le fait depuis la sécurité de son domicile et avec la permission de ses parents, pendant les vacances scolaires, ce qui est important en raison de l'insécurité de la région rurale dans laquelle elle vit. La fille fait partie d'un programme Mobilink-UNESCO visant à accroître les capacités de lecture et d'écriture des filles au Pakistan. Les premiers résultats semblent positifs; après quatre mois, le pourcentage de filles ayant atteint le niveau A aux examens d'alphabétisation est passé de 27% à 54%. De même, le pourcentage de filles qui ont atteint un niveau C aux examens est passé de 52% à 15%. Le pouvoir de la technologie de téléphonie mobile, qui est assez répandu au Pakistan, semble dans ce cas aider à surmonter plusieurs obstacles à l'éducation en trouvant de nouvelles façons de soutenir l'apprentissage des filles rurales dans les zones d'insécurité - les filles qui ont généralement des possibilités limitées d'aller à l'école et qui fréquemment ne reçoivent pas d'attention individuelle lorsqu'ils le font. Souvent, ils vivent dans des ménages avec très peu de livres ou d'autres documents pour les aider à conserver pendant les vacances d'été ce qu'ils ont appris pendant l'année scolaire.
À l'autre bout du monde, en Amérique du Sud, le déploiement de la technologie pour l'éducation n'a pas été aussi prometteur. Au Pérou, un certain nombre d'ordinateurs portables colorés sont assis dans un coin d'une classe recouverte de poussière. Remis à l'école dans le cadre d'un programme Un ordinateur portable par enfant organisé par le ministère de l'Éducation, les ordinateurs portables étaient destinés à améliorer les compétences des élèves en technologies de l'information et de la communication (TIC), ainsi que leurs compétences en matière de contenu. Sans un soutien approprié pour la formation des enseignants à l'utilisation des ordinateurs portables, sans suivi ni réparation ni maintenance, et avec des logiciels obsolètes et infestés de bogues, les ordinateurs portables sont considérés comme inutilisables et ne servent à rien. Dans ce cas, la technologie n'a pas permis d'améliorer l'expérience éducative des apprenants.
Les passionnés de technologie annoncent depuis longtemps le pouvoir de la technologie - de l'imprimerie aux tableaux noirs en passant par l'ordinateur portable - pour transformer l'éducation. Avec l'expansion rapide des technologies de l'information et de la communication dans le monde, il existe un grand intérêt à exploiter les technologies modernes pour aider à faire progresser le niveau d'éducation de certaines des personnes les plus pauvres du monde. Cependant, du Pakistan au Pérou et au-delà, l'expérience montre que, bien qu'il existe de nombreux exemples de la façon dont la technologie est utilisée au grand bénéfice des enseignants et des apprenants, il existe également de nombreux cas où elle n'influe guère sur les processus et les résultats éducatifs. Une meilleure compréhension de pourquoi et dans quelles conditions ces résultats divergents émergent est l'objectif central de cette étude.
Le potentiel de la technologie pour aider à améliorer l'éducation a une signification au-delà de l'enseignement de la lecture et des mathématiques aux enfants. Une éducation de qualité joue un rôle important dans la promotion du développement économique, l'amélioration de la santé et de la nutrition et la réduction des taux de mortalité maternelle et infantile. La croissance économique, par exemple, peut être directement affectée par la qualité des systèmes éducatifs dans les pays en développement. Les études de Hanushek et Woessman montrent une corrélation positive au fil du temps entre le développement cognitif, mesuré par les performances des élèves dans les évaluations internationales, et les gains individuels, la répartition des revenus et la croissance économique globale. Une étude du Fonds monétaire international (FMI) a révélé que l'augmentation des performances économiques de l'Asie par rapport à l'Afrique et à l'Amérique latine pouvait être directement attribuée à ses investissements plus importants dans le capital physique et humain, comme l'éducation. Une éducation de qualité a également contribué à réduire les taux de mortalité maternelle et infantile. Plus de la moitié de la réduction de la mortalité infantile dans le monde depuis 1970 est liée à l'augmentation du niveau d'instruction des femmes en âge de procréer. » Les femmes instruites sont également plus susceptibles de rechercher des soins de santé pour elles-mêmes et leur famille. Des études sur la santé maternelle montrent que 90% des femmes ayant fait des études secondaires en Asie du Sud et de l'Ouest recherchent des soins néonatals, contre seulement 50% des femmes sans éducation.
Notre objectif est de fournir des conseils aux non-spécialistes intéressés à poursuivre la technologie pour l'amélioration de l'éducation dans le monde en développement. En dehors d'un très petit groupe d'experts, les éducateurs travaillant dans et avec les pays en développement ont rarement une expertise ou même une base de base dans le large éventail d'innovations technologiques et leurs utilisations potentielles pour l'éducation. Même l'expert en éducation le plus chevronné est susceptible de regarder d'un œil vide si des termes tels que «cloud computing», «m-learning» ou «coût total de possession» sont introduits dans la conversation. Les questions sur la technologie disponible pour soutenir l'éducation, ses avantages potentiels et la manière dont elle peut être utilisée efficacement peuvent être entendues de la même manière dans les salles des ministères de l'éducation des pays en développement et dans celles du siège et des bureaux des bailleurs de fonds internationaux. de l'éducation.
Notre objectif est de répondre à ces questions en fournissant un large aperçu de certains des défis éducatifs communs auxquels sont confrontés les pays en développement et la gamme des différentes technologies disponibles pour aider à les résoudre. Nous examinons de près les différentes conditions favorables qui façonnent fréquemment le succès ou l'échec des interventions technologiques dans l'éducation et dérivons un ensemble de sept principes de base pour une utilisation efficace de la technologie. Ces principes peuvent fournir des orientations aux décideurs qui conçoivent, mettent en œuvre ou investissent dans des initiatives d'éducation. Ce faisant, nous examinons à la fois le primaire et le secondaire, ainsi que les niveaux supérieurs, des systèmes éducatifs. En utilisant la classification de la Banque mondiale des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire inférieur, nous concentrons notre attention sur les pays les plus pauvres du monde, de l'Afrique subsaharienne à l'Asie du Sud et de l'Ouest en passant par les Caraïbes.
Nous nous concentrons en particulier sur les possibilités des formes récentes de technologie, souvent appelées technologies de l'information et de la communication (TIC). Les TIC font référence aux technologies qui permettent d'accéder à l'information par le biais des télécommunications. Il est généralement utilisé pour décrire la plupart des utilisations technologiques et peut couvrir tout, des radios aux téléphones portables et aux ordinateurs portables. Bien sûr, l'éducation utilise la technologie depuis des siècles, des tableaux noirs aux manuels, mais dans l'histoire récente, très peu de choses ont changé dans la manière dont elle est dispensée. Les enseignants de la plupart des écoles se tiennent à l'avant d'une salle, tandis que les élèves s'assoient et écoutent, parfois avec attention. Cependant, alors que depuis de nombreuses années les décideurs politiques ne sont pas convaincus de l'utilité de la technologie dans l'éducation - en citant de nombreux exemples dans lesquels elle ajoute peu de valeur - aujourd'hui, il y a un nouvel accent sur ses possibilités.
Nous concluons finalement que, si elles sont déployées intelligemment et stratégiquement, les technologies modernes de l'information et des communications sont très prometteuses pour aider à apporter un apprentissage de qualité à certaines des communautés les plus pauvres et les plus difficiles à atteindre du monde. Il n'est pas nécessaire que la stratégie pour ce faire imite la trajectoire de l'utilisation des technologies éducatives dans les pays développés plus riches. En effet, dans certaines des régions les plus reculées du globe, les téléphones mobiles et d'autres formes de technologie sont utilisés d'une manière à peine envisagée aux États-Unis ou en Europe. La nécessité est vraiment la mère de l'invention dans ces contextes et conduit souvent à des fins créatives et prometteuses pour les enseignants et les apprenants.